Jan 3 • Saran Kaba

Introduction à la pédagogie Gattegno

Pédagogie alternative mise au point dans les années 1950, l’approche Gattegno est basée sur la reconnaissance des capacités d’apprentissage que chaque individu possède. A partir d’outils pédagogiques conçus pour faciliter les prises de conscience, elle propose une exploration de l’étendue du champ étudié.
On compte dans le monde des milliers d’enseignants qui s’en inspirent au quotidien.
Alors que la pédagogie traditionnelle est plutôt centrée sur la transmission des savoirs, la pédagogie Gattegno place l’apprenant en acteur majeur de ses apprentissages.
Dans la lignée de Montessori et Freinet, Gattegno a laissé son nom à une approche pédagogique fondée sur l’expérimentation conscientisée, la recherche, l’observation et l’exercice de la liberté.
Par des mises en situations concrètes d’apprentissage, la pédagogie Gattegno permet à l’apprenant de se connecter à ce qu’il connaît déjà mais également de définir par lui-même ses besoins. Par ce travail, l’apprenant réactive ses capacités d’apprentissage et prend conscience de ses possibilités.
L’essentiel de l’approche Gattegno réside dans le fait que chaque apprenant prend conscience de ses difficultés et trouve lui-même le moyen de les surmonter.
L’enseignant n’est qu’un guide sur ce chemin, au service de l’apprenant.
Observant ses élèves appréhender les situations pédagogiques proposées, l’enseignant adapte en permanence son action créant ainsi le cours au bénéfice de ses élèves.
Il attire l’attention sur un point particulier, modifie la situation, revient à une étape précédente si elle semble faire défaut à l’un ou à l’autre, ou à l’ensemble de la classe, favorise et stimule l’expression orale et les interactions.
Il s’efforce de réduire autant que faire se peut toute ambiguïté verbale dans ses consignes comme dans la situation pédagogique offerte.
Il fait améliorer l’expression orale spontanée en vue de clarifier les idées et de coller au plus près de la compréhension manifestée, rend explicite mais n’explique pas ce qu’il y a à « comprendre » sachant qu’il a le devoir respectueux de mettre l’apprentissage dans les mains de l’apprenti.
Le rôle de l’enseignant n’est pas d’informer ses élèves de l’existence de telle ou telle chose mais de la leur faire découvrir, de leur en faire prendre conscience.
En tant que pédagogue (conducteur), sachant que celui qui apprend ne peut se focaliser que sur un aspect à la fois, c’est donc à lui, enseignant, de maintenir le contact avec la totalité de la question à étudier.
La chose à apprendre est l’univers de l’élève, celui du maître est le contact avec ses élèves apprenant.

Avec l’approche Gattegno, il n’y a pas de « recette » préétablie : c’est la raison pour laquelle on ne peut parler de « méthode ».

A partir des objectifs d’apprentissage fixés par nos institutions (programmes scolaires ou cadres de références), l’enseignant imagine des situations pédagogiques qui permettront à l’apprenant de faire les prises de conscience nécessaires et ainsi de construire ses apprentissages.
Faire en sorte qu’un cours naisse systématiquement, minute par minute, du travail des élèves plutôt que d’être décidé entièrement à l’avance par l’enseignant, c’est subordonner son enseignement à l’apprentissage de ses élèves.
L’enseignement n’est pas « transmettre ses connaissances » par le déversement d’informations, mais bien « attirer l’attention des apprenants pour éduquer leur conscience ».
Le maître est « focalisé » sur les apprentissages de ses élèves : c’est ce qui guide sa pratique.
Tout au long de l’apprentissage, l’enseignant délègue la responsabilité à l’apprenant ; cela se traduit en pratique par le fait que l’enseignant, au lieu de se substituer aux élèves, cherche au contraire à créer des situations où les élèves utilisent leurs propres facultés mentales pour faire leurs propres découvertes.

L’ambiance de classe : confiance, autonomie et collaboration entre pairs.

Au-delà d’un certain nombre de valeurs à faire respecter à tout instant, dont le respect de soi et des autres au niveau comportemental, un enseignant doit disposer d’outils et de pratiques pertinents pour que chaque individu puisse, dans l’action, solliciter les nombreuses capacités qui sont les siennes pour comprendre et apprendre.
La confiance et le respect ainsi engendrés permettent à chacun de travailler « vite et bien », et dans la joie, car cette approche de l’enseignement est source de situations procurant un réel plaisir : le plaisir d’apprendre et le plaisir d’enseigner.

Tout apprentissage doit prendre en compte à la fois les capacités de chacun à maintenir ses automatismes intacts et fonctionnels, ainsi que sa capacité à changer.

Mettre en œuvre l’approche Gattegno c’est tout à la fois :
tenir compte des capacités mentales des apprenants et de tout ce qu’ils savent déjà faire, des compétences acquises dans toute autre situation d’apprentissage,
favoriser chez les apprenants la conscience de leur propre apprentissage,
fournir un cadre laissant les apprenants libres de leurs choix et de leurs stratégies,
faire une large place à la pratique, par les apprenants, de la chose à étudier,
considérer la classe comme un laboratoire dont l’enseignant et les apprenants sont les chercheurs.

“Seule la conscience est éducable chez l’être humain” – Caleb Gattegno.

Pour Gattegno, les enfants ont des pouvoirs qui peuvent être traduits en actes d’apprentissage ; attirer l’attention des apprenants pour éduquer leur conscience, voilà la principale raison d’être de l’enseignement.